jeudi 3 mars 2022

Santiago

 Une petite présentation rapide de Santiago et de la vie quotidienne santiaguina.

Dernière vue avant de prendre l'avion, oui, je commence par les dernières photos.

La ville, cœur de la région métropolitaine, est divisée en comunas. Voici la carte avec les revenus moyens par commune (décembre 2017) :

Bien entendu, il s'agit d'une moyenne et les écarts au sein d'une même commune peuvent être criants.

Commençons par le centre. Nous sommes arrivés depuis l'aéroport de Santiago - Arturo Merino Benítez à l'ouest de la ville.

Nous sommes remontés par le centre en passant par l'avenidad libertador O'Higgins.
On y trouve des immeubles en construction, le quartier Estación Central (Gare centrale), les vendeurs de rue et de nombreux immigrés vivotant ici.


La gare centrale, construite par Eiffel.
En l'espace de trois ans, j'ai trouvé Santiago pris par une frénésie immobilière. Gare à la bulle spéculative car la population n'a pas les moyens d'acheter ces nouveaux appartements ni de payer le loyer.

Passons ensuite derrière le quartier de la Moneda, le palais présidentiel, et remontons vers la Plaza Italia, épicentre de l'estallido social de 2019 (cf. Le Chili, une révolution silencieuse).



Le centre piéton de Santiago est le théâtre d'une vie de rue grouillante à l'ombre du soleil estival.

 

Tandis qu'à proximité de l'Universidad de Chile, à deux pas de la Moneda, les tentes s'entassent. Le président Piñera avait invité les Vénézuéliens à venir au Chili mais sans doter l'administration ni préparer la population pour cet afflux. A la télévision, les journalistes criaient au scandale devant l'arrivée de... 61 migrants illégaux à la frontière avec la Bolivie.

Vous noterez le confort de l'installation et la proximité immédiate de la station de bus ainsi que du parc.

Nous voici sur la Plaza de Armas, place centrale de Santiago.



Le marché central, création Eiffel également. Aujourd'hui, il ne s'agit plus tellement d'un marché que pour des produits gourmets et des bons restaurants. Le marché populaire est sur la rive nord du Mapocho, à La Vega.

Le rio Mapoche en avril 2018. Inutile de dire qu'en été c'est sec.

La Vega. On y trouve de tout, à tous les prix. Mais il faut savoir surveiller ses poches.


Prises en 2018 depuis les hauteurs de la ville, on remarque le smog flottant sur la ville ainsi que l'étalement urbain. En 2021, celui-ci grignote la commune de San Bernardino, au sud, avec de nouveaux immeubles.

Direction ensuite la périphérie nord-est, à Lo Barnechea, en passant par Tobalaba et le CBD de Santiago.

La fameuse Torre Santiago, 300m de haut.

La frénésie immobilière je vous dis, partout ! Ici à Providencia, quartier riche de l'est de Santiago.

Les hauteurs de Lo Barnechea. Un exemple typique d'inégalité socio-spatiale. La commune est l'une des plus riches de Santiago et vote traditionnellement à droite. Ici vous voyez les quartiers populaires du vieux centre tandis que nous sommes sur la rocade qui mène aux centres commerciaux rutilants et aux quartiers "pitucos" (bourgeois).

Une ville donc pleine de contrastes où la modernité et le gigantisme servent de vitrine au pays mais aussi attise le dépit ou la rancœur d'une population qui n'a toujours pas les moyens de vivre chez elle.

Et pour terminer, un petit récapitulatif en vidéo de ce séjour :

jeudi 24 février 2022

¿Qué se come en Chile? Gastronomia chilena

 Suite à une question sur la gastronomie chilienne, voici un mini-post.

Comme je n'ai pas beaucoup de temps entre les messages à envoyer, les corrections et le retour à préparer (déjà), voici un lien qui présente les principales spécialités chiliennes. C'est en espagnol donc à vous de travailler et de traduire :

30 comidas típicas chilenas que debes probar alguna vez

Il y a aussi caleta (plein) de vidéos sur Youtube et d'autres sites mais cette page rassemble globalement ce que j'ai pu voir et goûter.

On y retrouve les terroirs chiliens et la variété des climats ainsi que l'ouverture sur la mer et l'influence européenne, espagnole bien sûre mais aussi italienne et allemande (il manque les kuchen et les tortas à la crème).

A ne pas oublier, LE condiment chilien : le merkén, paprika fumé légèrement piquant.

La cuisine chilienne est moins élaborée que sa voisine péruvienne mais on peut se faire plaisir.

La base reste la palta, l'avocat, réduit en purée à la fourchette et étalée sur du pan tostado avec une tranche de jambon et du queso (fromage). On la retrouve aussi généreusement dans le completo (sandwich façon hot dog) et toutes ses déclinaisons (italiano, avec choucroute...).

Completo face au lago General Carrera. Mostaza (moutarde) et ketchup sur la palta, la saucisse est à l'intérieur.

Le choclo (maïs) occupe une place importante, notamment en été pour le pastel de choclo et les humitas. Bien sûr, il ne faut pas oublier les papas (pommes de terre) !

 
Pastel de choclo en préparation.

Dans les rues, sur le bord des routes on trouve toujours à manger.

Il y a aussi les boissons : vin, pisco, mote con huesillo et tous les sodas (la ginger ale / canada dry rencontre un franc succès), café, thé, juguitos (jus)...

Le mote con huesillo, un incontournable dans les rues de Santiago.

Globalement, c'est assez peu diététique et une part significative de la population est en plus ou moins surpoids, sans compter les problèmes vasculaires et de diabète.

Le manjar, dulce de leche ou confiture de lait, que l'on trouve nature, à la lucuma ou aux noisettes. Il sert à garnir de nombreux gâteaux et biscuits. Eso es el diablo porque es tan cochino!

Le rythme de vie n'est pas le même. Le desayuno, petit-déjeuner, peut commencer à 9H voire 10H, l'almuerzo, déjeuner, vers 15H et le soir, si vous avez de la place, la cena peut commencer à 21H ou 22H.
Sinon, les Chiliens sont les inventeurs de la once (lien ici), ou l'on picotea (picore) en début de soirée avec des collègues ou les proches avec des petits sandwichs et du café ou du thé.

Mais pour moi il va être l'heure du petit-déjeuner. Celui qui vous le racontera le mieux c'est le chanteur Gepe - Fruta y Té

¡Hasta luego !

mercredi 23 février 2022

Paine et la laguna de Aculeo

 Ultime étape pour moi avant le retour à Santiago puis en France, le petit village de Paine, à 70 km environ au sud de la capitale.

Paine (pahiné) se trouve au bord de ce qui fut la laguna de Aculeo, un lac désormais asséché et désert.

Il s'agissait d'un lieu de villégiature où les gens venaient pêcher et passer le week end ou les vacances.

Une photo prise en 2017, la végétation sur les collines et la lagune a désormais disparu, laissant un paysage désolé et désertique.

De fait, nous sommes chez de la famille dans un ancien camping qui a fermé avec l'assèchement du lac.

Les bûcherons sont passés il y a près d'un mois, ont coupé les arbres et tout laissé en plan. Les habitantes du terrain ne trouvent personne pour finir le travail.

La laguna se trouvait au milieu d'une cuvette et s'est asséchée du fait de la politique de privatisation des ressources naturelles, toujours selon la doctrine néolibérale introduite par les Chicago Boys et qui a perduré après la fin de la dictature.


"3 millions d'années pour que la nature la réalise, 7 ans pour que l'homme la détruise" disent les locaux. En très peu de temps l'activité humaine a fait disparaître la lagune.

"No es sequía, es un saqueo !" : ce n'est pas une sécheresse, c'est un vol !


La culture de cerises d'exportation en est très largement responsable. Vous savez, ce sont les cerises, avocats et autres fruits qui viennent du Chili, Pérou, Mexique et que l'on trouve dans les grandes surfaces hors saison. Les Chinois en importent également des quantités massives pour le nouvel an.
Pour rappel, 1 avocat nécessite 227 litres d'eau. Le résultat est sans appel.


Les cerisiers, désormais vidés de leurs cerises après récolte et envoi en Asie pour le nouvel an chinois.

Il aura fallu néanmoins plusieurs années pour qu'un rapport public reconnaisse la culpabilité humaine dans l'assèchement de la lagune. Voir le reportage ci-dessous (avec sous-titres) :

NO FUE POR SEQUÍA | Estudio revela que Laguna Aculeo se secó por causa del hombre

Toutefois, rien ne change. L'accès à l'eau est un droit privé et celui qui paye a accès à la ressource sans contrainte. Le seul espoir réside dans la nouvelle constitution qui pourrait inscrire l'accès à l'eau comme un bien public.

Vidéo (avec sous-titres) : La lucha por el agua y una nueva Constitución

Pour une vidéo en français, cliquez ici : Alfred de Montesquiou - Amérique du Sud : une terre saccagée ? Les Experts du Dessous des cartes |ARTE

En grimpant sur le cerrito derrière la maison, au milieu des arbres, cactus, cailles et chevaux, j'arrive à faire quelques photos.

Les deux anciennes petites îles qui se trouvaient à l'ouest de la lagune. Un ancien hôtel restaurant s'y trouve, décor de western abandonné de tous.

Désormais, les chevaux et les vaches ont remplacé les poissons et les oiseaux.
Un décor de western avec les huasos qui attrapent les chevaux au lasso.





Au prix de quelques acrobaties, on peut grimper et espérer voir le lever du soleil et le dernier quartier de lune.

Des codornices (cailles), très présentes dans la colline. Notez la végétation asséchée.



Encore quelques vues.

Sans eau. Vous aurez noté les débarcadères qui ne mènent plus nulle part.

Avec de l'eau, un jardin irrigué et un grillage.

En arrivant à Paine, voici le parc Cantillana où l'on peut faire des randonnées et des activités sportives mais avec un terrain aride et un UV indice 9 il faut apporter de l'eau et être motivé.


Comment arriver là-bas sans voiture ? En France, ce serait mission impossible.
Au Chili, le revenu moyen ne permet pas d'avoir un voiture, même si l'assurance n'est pas obligatoire et qu'il n'y a pas vraiment de contrôle technique.
Il faut donc prendre le minibus depuis Santiago puis le collectivo, un taxi collectif qui coûte 2000 pesos (environ 2 euros, prix fixé pour tous les véhicules), ou un autre minibus pour le trajet. Ça permet aux gens d'aller en ville, faire leurs courses (le coffre est grand) et d'être déposé en face de chez soi. Mais ça reste cher pour pouvoir le faire tous les jours.
Le collectivo est un association de conducteurs. Certains sont propriétaires de leur voiture et d'autres non. Les seconds doivent payer le remboursement ou la location du véhicule. Ceux qui ne veulent pas être membres de l'association doivent payer une adhésion majorée (plus chère). Tous doivent en plus payer l'essence (comme tout le monde) et mettre de côté pour leur retraite et leur sécurité sociale. Sur le district de Buin-Paine ce sont 100 chauffeurs qui circulent. Certains, les plus anciens (qui ont remboursé leur voiture), ont arrêté le travail lors de la pandémie. L'association paye également 4 personnes pour faire la tour de contrôle et signaler 24H/24 et 7j/7 aux chauffeurs où se trouvent des clients.

Bien sûr, ça n'empêche pas non plus les embouteillages (tacos) à Santiago.

Voilà, j'essaierai quand même, si j'y arrive, de faire un petit post sur Santiago mais le temps est compté avec le retour qui approche.

Santiago

 Une petite présentation rapide de Santiago et de la vie quotidienne santiaguina. Dernière vue avant de prendre l'avion, oui, je commenc...