mercredi 23 février 2022

Paine et la laguna de Aculeo

 Ultime étape pour moi avant le retour à Santiago puis en France, le petit village de Paine, à 70 km environ au sud de la capitale.

Paine (pahiné) se trouve au bord de ce qui fut la laguna de Aculeo, un lac désormais asséché et désert.

Il s'agissait d'un lieu de villégiature où les gens venaient pêcher et passer le week end ou les vacances.

Une photo prise en 2017, la végétation sur les collines et la lagune a désormais disparu, laissant un paysage désolé et désertique.

De fait, nous sommes chez de la famille dans un ancien camping qui a fermé avec l'assèchement du lac.

Les bûcherons sont passés il y a près d'un mois, ont coupé les arbres et tout laissé en plan. Les habitantes du terrain ne trouvent personne pour finir le travail.

La laguna se trouvait au milieu d'une cuvette et s'est asséchée du fait de la politique de privatisation des ressources naturelles, toujours selon la doctrine néolibérale introduite par les Chicago Boys et qui a perduré après la fin de la dictature.


"3 millions d'années pour que la nature la réalise, 7 ans pour que l'homme la détruise" disent les locaux. En très peu de temps l'activité humaine a fait disparaître la lagune.

"No es sequía, es un saqueo !" : ce n'est pas une sécheresse, c'est un vol !


La culture de cerises d'exportation en est très largement responsable. Vous savez, ce sont les cerises, avocats et autres fruits qui viennent du Chili, Pérou, Mexique et que l'on trouve dans les grandes surfaces hors saison. Les Chinois en importent également des quantités massives pour le nouvel an.
Pour rappel, 1 avocat nécessite 227 litres d'eau. Le résultat est sans appel.


Les cerisiers, désormais vidés de leurs cerises après récolte et envoi en Asie pour le nouvel an chinois.

Il aura fallu néanmoins plusieurs années pour qu'un rapport public reconnaisse la culpabilité humaine dans l'assèchement de la lagune. Voir le reportage ci-dessous (avec sous-titres) :

NO FUE POR SEQUÍA | Estudio revela que Laguna Aculeo se secó por causa del hombre

Toutefois, rien ne change. L'accès à l'eau est un droit privé et celui qui paye a accès à la ressource sans contrainte. Le seul espoir réside dans la nouvelle constitution qui pourrait inscrire l'accès à l'eau comme un bien public.

Vidéo (avec sous-titres) : La lucha por el agua y una nueva Constitución

Pour une vidéo en français, cliquez ici : Alfred de Montesquiou - Amérique du Sud : une terre saccagée ? Les Experts du Dessous des cartes |ARTE

En grimpant sur le cerrito derrière la maison, au milieu des arbres, cactus, cailles et chevaux, j'arrive à faire quelques photos.

Les deux anciennes petites îles qui se trouvaient à l'ouest de la lagune. Un ancien hôtel restaurant s'y trouve, décor de western abandonné de tous.

Désormais, les chevaux et les vaches ont remplacé les poissons et les oiseaux.
Un décor de western avec les huasos qui attrapent les chevaux au lasso.





Au prix de quelques acrobaties, on peut grimper et espérer voir le lever du soleil et le dernier quartier de lune.

Des codornices (cailles), très présentes dans la colline. Notez la végétation asséchée.



Encore quelques vues.

Sans eau. Vous aurez noté les débarcadères qui ne mènent plus nulle part.

Avec de l'eau, un jardin irrigué et un grillage.

En arrivant à Paine, voici le parc Cantillana où l'on peut faire des randonnées et des activités sportives mais avec un terrain aride et un UV indice 9 il faut apporter de l'eau et être motivé.


Comment arriver là-bas sans voiture ? En France, ce serait mission impossible.
Au Chili, le revenu moyen ne permet pas d'avoir un voiture, même si l'assurance n'est pas obligatoire et qu'il n'y a pas vraiment de contrôle technique.
Il faut donc prendre le minibus depuis Santiago puis le collectivo, un taxi collectif qui coûte 2000 pesos (environ 2 euros, prix fixé pour tous les véhicules), ou un autre minibus pour le trajet. Ça permet aux gens d'aller en ville, faire leurs courses (le coffre est grand) et d'être déposé en face de chez soi. Mais ça reste cher pour pouvoir le faire tous les jours.
Le collectivo est un association de conducteurs. Certains sont propriétaires de leur voiture et d'autres non. Les seconds doivent payer le remboursement ou la location du véhicule. Ceux qui ne veulent pas être membres de l'association doivent payer une adhésion majorée (plus chère). Tous doivent en plus payer l'essence (comme tout le monde) et mettre de côté pour leur retraite et leur sécurité sociale. Sur le district de Buin-Paine ce sont 100 chauffeurs qui circulent. Certains, les plus anciens (qui ont remboursé leur voiture), ont arrêté le travail lors de la pandémie. L'association paye également 4 personnes pour faire la tour de contrôle et signaler 24H/24 et 7j/7 aux chauffeurs où se trouvent des clients.

Bien sûr, ça n'empêche pas non plus les embouteillages (tacos) à Santiago.

Voilà, j'essaierai quand même, si j'y arrive, de faire un petit post sur Santiago mais le temps est compté avec le retour qui approche.

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