mardi 8 février 2022

17 millions de Chiliens... et moi !

 Bien qu'étant un pays plus grand que la France, le Chili ne compte pourtant que 17,5 millions d'habitants (l'INED donne 19,2M), dont 8 rien que dans la capitale. Ce qui fait que le pays est peu densément peuplé :

La population du Chili devrait continuer à légèrement augmenter avant de diminuer autour de 2050 sous l'effet du vieillissement.
La transition démographique est en voie d'achèvement, l'immigration représentera un apport substantiel mais sans empêcher la tendance générale.
Pour retrouver tous ces chiffres, sélectionnez le Chili sur :
La population en graphiques - Les graphiques/ les cartes - Ined - Institut national d’études démographiques

Et : La population en cartes interactives - Les graphiques/ les cartes - Ined - Institut national d’études démographiques

Vous pouvez reprendre la vidéo de "Geography Now!" à partir de 6'52 : Geography Now! Chile - YouTube

Maintenant, reprenons l'histoire du pays pour comprendre son peuplement.

L'Amérique n'a pas été "découverte" à Hispaniola le 12 octobre 1492 par Christophe Colomb et, plus de cinq siècles avant lui, par les Scandinaves (ou Vikings) qui s'installèrent à Terre-Neuve.

L'arrivée de l'homme en Amérique remonterait, selon les dernières recherches (mais encore débattues), à... 35-40.000 ans, soit au moment où Homo Sapiens arrive dans une Europe où Neandertal est bien implanté.
Les mêmes paléontologues envisagent même une colonisation de l'Amérique par le Sud depuis l'Asie du Sud et la Polynésie.

Bref, en autant de temps les autochtones ont, comme sur les autres continents, formé des groupes et des civilisations, tisser des échanges et développé de nombreuses cultures avant que Colomb puis des Conquistadores (les frères Pizarro au Pérou puis Pedro de Valdivia qui a fondé Santiago) n'arrivent à la recherche de l'Eldorado.

Aujourd'hui, 10 "peuples originaires" (pueblos originarios) sont reconnus comme principales ethnies indigènes, des Changos de l'Atacama aux Yagán du cap Horn, les Rapa Nui de l'île de Pâques et surtout les Mapuche dans la moitié sud du pays représentant 1,5 million de personnes.

Le drapeau mapuche (1992). Chaque communauté mapuche a son propre drapeau. Celui-ci est devenu un symbole de ralliement et figure lors des grandes manifestations (un peu comme le drapeau breton en France...).
Pour l'anecdote, les Mapuche ont vaincu, tué et dépecé Pedro de Valdivia en 1553.

La colonisation du Chili a ainsi apporté des immigrants venus d'Espagne et, à partir du XIX°s, d'Italie (cf. photo), d'Allemagne (notamment dans le Sud), mais moins qu'en Argentine car l'accès au pays est plus difficile.

Une stèle érigée pour commémorer l'arrivée et l'apport des immigrants italiens à Valparaíso.

La population est ainsi un mélange de "Blancs", "métis" et "indigènes" qui se distinguent par la couleur de peau et leurs noms de famille. Le rapport de force issu de la colonisation ne s'est au fond jamais  vraiment démenti entre les "blancs" et le reste de la population.
Depuis 2010, des migrants haïtiens sont arrivés, suivis depuis quelques années par des Vénézuéliens et des Colombiens fuyant la misère et l'instabilité de leurs pays. C'est ainsi que cette thématique a fait irruption dans la société et la politique chiliennes.

Haïtiens faisant la queue pour obtenir leur titre de séjour à Santiago (2018).

Des tentes où s'entassent les immigrés (notamment colombiens) parsèment l'avenue Libertador Bernardo O'Higgins.

A Santiago et "Valpo" se trouvent également des communautés d'expatriés colombiens, brésiliens et même quelques milliers de Français (plus de 12.000 "Franchutes" au Chili) travaillant pour des compagnies internationales ou à la recherche d'un autre cadre de vie.

Quand tu cherches le dépaysement à 11.000km de chez toi... (Valparaíso)

Tout cela pour dire que, d'un point de vue historique et mémoriel, la période coloniale et 1492 sont vues d'une manière particulière.
Le 12 octobre est devenu au Chili, "el encuentro de dos mundos" (la rencontre de deux mondes) : 12 de octubre: Encuentro de dos mundos - Educrea

Ce jour porte des noms différents dans le monde hispanophone : "jour de la race" (comme c'était le cas au Chili), "jour de l'hispanité" (en Espagne) ou même "jour de la décolonisation" en Bolivie.

Ceci témoigne de la volonté des peuples sud-américains d'effacer ou de réécrire leur histoire.

"Pedro de Valdivia nous a condamnés (à la colonisation et à la servitude). Ils (les colonisateurs ?) nous commémorent et ils nous tuent." Photo prise sur un panneau adossé à une pierre taillée représentant les trois niveaux de la cosmovision (vue de l'univers) inca.
Les Mapuche, très présents à Santiago pour chercher du travail, ont longtemps souhaité être reconnus comme peuple originaire du Chili et non comme (ils le sont encore parfois) des colonisés ou même des "terroristes".

Comme dans les autres pays colonisés, les villes, en particulier la capitale, sont les lieux du pouvoir et sont plus peuplées que les campagnes.
L'industrialisation a également drainé des ruraux dont les terres avaient été prises par les grands propriétaires fonciers (les latifundistas) en plus de la volonté de contrôler et évangéliser les populations indigènes.

Ainsi, le Chili offre une population marquée par l'histoire coloniale, la macrocéphalie de l'agglomération de Santiago mais aussi par le vieillissement et des tensions sociales résultant de ces facteurs.

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