vendredi 11 février 2022

El Jaguar de Sudamérica




Comme nous sommes en pleine Patagonie avec beaucoup de transports et peu de wifi, je sors un post préparé à l'avance (comme un bon mamouth surgelé sorti du permafrost) pour patienter.


Ahora, vamos a hablar de economía.

(Géographie)

Le Chili possède la cinquième économie d'Amérique latine (derrière la Colombie) mais le PIB par habitant le plus élevé (il s'agit d'une moyenne). Le pays est surtout riche de ses réserves en cuivre (1er producteur mondial) et en lithium. Son économie pourrait s'apparenter à une économie de rente mais ses activités sont diversifiées dans la banque et les services.

Vue (brumeuse) de Santiago avec la commune de Providencia et ses maisons cossues au premier plan, le rio Mapocho et le quartier des affaires de Tobalaba. S'y trouve la Gran Torre Santiago qui culmine à 300m. C'est le plus haut gratte-ciel d'Amérique du Sud.

L'industrie minière reste présente dans 13 des 15 régions du pays. La géologie des Andes en fait un fournisseur incontournable, le cuivre étant surnommé "el sueldo de Chile", "le salaire du Chili". Bien entendu, les extracteurs de ce minerai sont des entreprises étrangères depuis la dictature de Pinochet au tournant des années 1970-80. Avec la numérisation croissante de l'économie mondiale, le cuivre est un minerai qui va devenir rare et cher.

Du point de vue agricole, l'élevage, la culture de céréales (avoine, maïs, blé) et le maraîchage sont concentrés dans les régions du centre et du sud du pays. Les exportations de fruits et légumes ont atteint des niveaux historiques avec l'ouverture des marchés asiatique et européens, avec des conséquences profondes sur l'environnement (je reviendrai sur ce point).

Mais le Chili c'est aussi l'exploitation forestière, la pêche et la viticulture.

Verger de cerises à Paine (SSW de Santiago). Celles-ci sont destinées avant tout à l'exportation.

Le Chili est considéré ainsi comme "le jaguar d'Amérique du Sud", au même titre que le Mexique, mais avec une stabilité économique et politique plus marquée. Son ouverture sur le Pacifique est clairement visible car ses premiers partenaires sont la Chine (32% des exportations), les USA (14%), le Japon (9%) et la Corée du Sud (7%). Le revers de la médaille est que cette croissance économique ne bénéficie pas à la majorité de la population et l'on peut parler de croissance sans développement, le Chili affichant le taux d'inégalité (coefficient de Gini) le plus important des pays de l'OCDE (en fonction des années et des indicateurs, le Mexique ou les USA peuvent le devancer).

Ainsi, en octobre 2019, quand le prix du ticket de métro a augmenté de 30 pesos (3 centimes), le ras-de-bol a éclaté au cri de "no son 30 pesos, son 30 años" (ce ne sont pas 30 pesos, ce sont 30 ans). Trente ou même quarante ans durant lesquels le pays a été le laboratoire d'un libéralisme débridé (sans contrainte) à la suite des travaux des "Chicago Boys", étudiants de Milton Friedman, ayant appliqué son modèle de privatisation de tous les secteurs de l'économie. Une telle réforme ne fut possible que suite au coup d'Etat de 1973 et par la répression armée qui s'ensuivit. Ce modèle a ensuite été repris par Margaret Thatcher en 1979 et Ronald Reagan en 1981, deux pays qui se sentaient en perte de vitesse face à leurs concurrents.

Le général Pinochet et les Chicago Boys durant la période de la dictature.

De ce fait, l'Etat s'est retiré de tous les secteurs économiques et sociaux : - la santé est privatisée et la sécurité sociale quasi inexistante. Les Chiliens cotisent pour des caisses de retraites privées, les AFP, sur lesquelles ils n'ont aucun droit de regard ni le droit de retirer leur argent. - l'éducation est partagée entre l'école publique, peu et mal dotée, et un secteur privé où les droits d'entrée peuvent coûter très cher. L'université est payante et les jeunes actifs entrent sur le marché du travail avec une dette parfois impossible à rembourser, notamment à cause des intérêts. - la société est typique d'un pays émergent. Une minorité concentre les richesses du pays, dont le président actuel (jusqu'au 12 mars toutefois) Sebastián Piñera avec une fortune estimée à 2,9 millions $, et qui a continué à s'enrichir durant la pandémie. La classe moyenne et populaire vit chichement ou épargne avec difficulté, ce qui explique l'estallido social de 2019 mais aussi en partie la polarisation politique du pays.

Sur le mirage économique chilien (espagnol, 2020) : A un año del estallido chileno: ¿qué le ocurrió al “jaguar de Sudamérica”? - Revista Solsticio

Sur les Chicago Boys :
En espagnol -> Chicago boys - Memoria Chilena, Biblioteca Nacional de Chile
En français (long article !) -> Le Chili et les "Chicago boys" de Pinochet : comment le Chili est-il devenu un “laboratoire” du néolibéralisme? (1973-1982) - Les Clionautes
Voir aussi l'ouvrage de Naomi Klein, La stratégie du choc, sur l'application de ces doctrines au Chili (attention au parti-pris).

Un peu de musique : Simón Cox : Jaguar de Sudamérica - YouTube

PIB : Producto Interno Bruto
AFP : Administradora de Fondos de Pensiones
Liberalismo : 
Doctrina política que postula la libertad individual y social en lo político y la iniciativa privada en lo económico y cultural, limitando en estos terrenos la intervención del Estado y de los poderes públicos.
Privatización : venta de bienes públicos o empresas públicas a empresas privadasventa de bienes públicos o empresas públicas a empresas privadas.
Crecimiento sin desarollo : crecimiento sin que se genere un verdadero desarrollo, es decir, sin la afectación del bienestar social en el aspecto socio-económico y cultural.
Economía de renta : La economía de renta es aquella en la que elementos o los recursos naturales son la base del desarrollo económico de un país.
OCDE : la Organización para la Cooperación y el Desarrollo Económico es un Organismo Internacional de carácter intergubernamental del que forman parte 38 países miembros.

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